Il ne resta plus que des cendres

Publié le par Stelio

Bonjour à tous.

Et non, ce blog n'est toujours pas mort.

Je reviens avec une autre nouvelle rien que pour vous.

Je vous laisse juger de sa qualité.

Bonne lecture.

 


 

Il ne resta plus que des cendres

Il tenait Mélissa Lang entre ses mains. La jeune femme était méconnaissable. Elle, si belle auparavant avec ses cheveux noirs coupés courts, ses yeux verts et sa peau hâlées, n'était plus que l'ombre d'elle-même.

Le fléau l'avait touché, elle aussi. Ce n'était plus vraiment elle. Ce qui restait de la jeune femme n'était plus qu'une carcasse vide et vorace. Sa bien-aimée était déjà morte.

John Clark la soulevait à un mètre au-dessus du sol sans difficulté. John n'était pas n'importe qui. C'était un super-héros. Il portait cape rouge, masque et costume verts qui cachaient un gars blond aux yeux noisettes à la musculature assez svelte. Trois étoiles rouges étaient dessinées sur sa poitrine, c'était son emblème.

John n'avait aucune difficulté à soulever l'élue de son cœur. La super-force faisait partie de ses super-pouvoirs. Il pouvait aussi se déplacer à la vitesse de la lumière, cracher des flammes par sa bouche et produire un champs de force autour de lui. En outre, il était invulnérable et possédait un super-instinct qui le prévenait contre le danger. Par contre, il ne pouvait pas voler mais pouvait sauter super-haut. Tels étaient ses capacités.

John regarda Mélissa. Celle-ci essayait de le mordre. Sa peau était en lambeau, le super-héros pouvait voir sa chair à vif. La belle était en train de se décomposer vivante. John la tenait par le cou sans pour autant l'étrangler. Il aurait pu serrer si fort qu'il l'aurait décapitée mais ça n'aurait servi à rien. Cette créature qui avait pris la place de Mélissa aurait continué à vivre même sans corps.

Tout avait commencé à cause du docteur Laurent Emilien Xénos, le pire ennemi de John Clark. Le docteur Xénos était un savant fou. Son rêve avait toujours été de disséquer le super-héros connu sous le nom de Powerman et de faire des expériences avec lui.

Lors de leur dernière confrontation, Xénos avait versé sur le monde une mystérieuse poudre verte. Il n'avait pas fallu attendre longtemps avant qu'elle ne fasse effet. John avait vu de ses propres yeux une foules soumise à la poudre verte devenir complètement folle. Les voisins s'attaquaient les uns les autres, se massacraient allègrement. Certains allaient même jusqu'au cannibalisme.

Powerman avait dû intervenir. Il avait essayé de préserver leurs vies mais malgré tout ses efforts, ça avait été une vraie boucherie. La mort ne semblait pas atteindre ces gens que la folie prenait. Le super-héros avait beau découper des membres, des troncs et des têtes, cette masse menaçante continuait à grouiller.

Dégoûté, il finit par les incinérer de son souffle de feu. Les corps se mirent à rôtir. Ils brûlèrent jusqu'à n'être plus que cendres que le moindre souffle de vent faisait voler. Quand cela fut fait et que le calme revint, John put constater l'étendue de la désolation. La ville n'était plus que ruine. Certains immeubles flambaient dans les flammes qu'il avait allumé lui-même. Le super-héros eut beau chercher, il ne trouva aucun survivant.

Il avait tout essayé pour arrêter la pandémie. Il avait testé de donner à l'un de ces êtres un peu de son sang qui avait normalement le pouvoir de guérir toutes maladie, sans succès. Il avait cherché les meilleurs scientifiques de la planète mais à chaque fois, il était arrivé trop tard : même ces chercheurs de renommée mondiale avaient succombé. Il les avait achevés rapidement.

Powerman n'avait pas eu d'autre choix que d'éradiquer complètement la menace du monde. Deux jours durant, il avait sillonné la planète. Combien de villes et de villages avait-il rasés ? Combien de feux avait-il allumés ? Beaucoup trop pour lui. Il avait cherché désespérément des survivants mais il n'y en avait aucun. Les nuages de cette poudre verte avaient atteint le moindre recoin de la planète. Elle s'était infiltrée dans l'eau que les gens buvaient et circulaient dans leurs sangs bien avant qu'il n'arrive. Il était le seul à en avoir réchappé. Ses super-pouvoirs l'avaient sauvé de la menace.

 L'espèce humaine n'était plus. Mélissa était la dernière. John l'avait épargnée jusqu'à la fin. Il avait espéré qu'elle s'en était sortie. Il l'avait espéré de toutes ses forces...mais en vain.
Maintenant, tandis qu'il la tenait entre ses mains, tandis qu'il la soulevait à un mètre au-dessus du sol, il pleurait de désespoir.

Il l'aimait de toute son âme. Jamais elle n'avait su qu'il était le célèbre Powerman qu'elle admirait tant. Et pourtant, ça faisait des années qu'ils travaillaient ensembles. Elle n'avait vu en lui que le modeste secrétaire discret qui s'affairait toujours derrière son ordinateur. Il y avait tellement de différences entre ses deux identités qu'elle n'avais jamais su les percer à jour.

Les larmes s'écrasèrent sur l'asphalte de la rue déserte. La ville était vide. Il ne restait plus que ce dernier homme et cette dernière femme.

     - Adieu Mélissa, chuchota le super-héros. Saches que je t'aimais. Je t'ai toujours aimé
       durant toutes ces années.

Sa voix s'éleva bizarrement dans le silence de tombeau qui recouvrait la métropole. Le bruit semblait être étranger à ce monde nouveau libéré de la présence humaine. Pour toute réponse, la jeune femme rugit. Elle essaya de plus belle de le mordre sans pouvoir y parvenir.

Sans attendre plus longtemps, John souffla de son expiration de feu. L'air se mit à onduler sous le coup de la chaleur. Les flammes encerclèrent sa bien-aimée. Powerman ne la lâcha pas. Il sentait la température extrême tandis que les langues de feu chatouillaient sa peau. Il était invulnérable. Il ne craignait pas les brûlures, le feu ne l'atteignait pas.

Son souffle était si chaud qu'il ne fallut pas plus d'une minute pour carboniser entièrement Mélissa. Quand tout fut finit, il ne resta plus que des cendres que la première bourrasque dispersa au loin.

John tomba à genoux, anéanti. Son visage était couvert de larmes. Comment pourrait-il continuer à vivre seul dans ce monde détruit sans la femme qu'il aimait ? Il n'avait qu'une envie : mourir. Mais le suicide lui était interdit. Ses pouvoirs lui empêchaient un tel geste. Il se pouvait très bien qu'il vive encore un siècle pour ce qu'il en savait.

Il sanglotait de plus belle quand il aperçut une araignée mécanique près de son genou. John connaissait bien ce robot : c'était l'un des jouets du docteur Xénos.

     - Bien joué, Powerman, s'éleva alors la voix du savant fou. Tu as dépassé mes espoirs les

       plus fous.
     - Que veux-tu dire ?, interrogea l'homme au costume vert.
     - Laisse-moi te raconter une histoire :
     « Il était une fois un homme génial qui découvrit un jour une pierre dont l'origine était
        inconnue.
       Cet homme, dont les idées étaient grandioses, en fit une poudre qu'il répandit dans l'air.
        Il y avait un super-héros qui essayait de mettre des bâtons dans les roues de cet homme
        mais malgré tout ses pouvoirs, il ne l'empêcha pas de révéler la poudre au monde.
        Il se trouva que cette poudre n'avait pas d'effet sur les habitants de la terre sauf sur une
        seule personne : ce héros que l'on avait cru invulnérable jusque là.
        Le rendit-elle faible ? Lui retira-t-elle tous ses pouvoirs ? Le tua-t-elle ? Non, rien de tout
        cela. Elle le rendit fou.
        Ce super-héros, ce chouchou du public, se mit alors à tuer des innocents. Il rasa des
        villes, décima des populations entières.
        Les gens suppliaient, menaçaient, rien n'y faisait. Il ne semblait pas les entendre.
        Après avoir vidé les cinq continents, il finit par tuer celle-là même qu'il aimait. Elle a
        supplié pour qu'il arrête, elle a pleuré, elle a sangloté mais rien n'y a fait. Elle a bien eu un
        espoir quand il lui a avoué qu'il l'aimait - elle lui a même dit qu'elle l'aimait elle-aussi - mais
        il ne l'entendait toujours pas. C'était un adieu qu'il lui faisait.
        Elle a hurlé quand il l'a brûlée vif. L'a-t-il entendue ? Non, bien sûr que non.  Il était sourd à
        ses gémissements.»
     - Non, s'écria Powerman.

Le docteur Xénos se mit à rire.

Le super-héros s'effondra au sol. Il venait de tuer celle qu'il aimait en pensant qu'elle était devenue un monstre. Mais en fait, c'était lui qui en était devenu un. Comment avait-il pu faire ça ? Le docteur Xénos avait peut-être répandu la poudre sur toute la surface de la Terre, c'était lui et lui seul qui avait décimé l'espèce humaine.

Le savant fou continuait à rire. On pouvait entendre le sadisme dans sa voix.Le visage de John Clark se fit dur. Un pied rageur écrasa l'engin de Xénos. Des étincelles surgirent des circuits imprimés de l'araignée avant qu'elle ne cesse de fonctionner pour toujours. Powerman allait finir le travail que la folie lui avait fait commencer.

Publié dans Récits

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