La Caverne ch16

Publié le par Stelio

 

16.Réinsertion

A la faible lueur de la nuit, je pus voir que je n’étais pas en montagne mais sur une colline. Ici et là, il y avait des arbres mais dans l’ensemble elle était nue. Je pus voir au loin les lumières d’un petit village. A mes yeux, c’était une lueur bienvenue. Les lumières des habitations étaient le premier signe des homme que je voyais depuis des mois. Mon cœur se gonfla à cette vue. Je commençais ma descente. Malgré la mort de mon sauveur, je me sentais léger. J’étais libre et je profitais un maximum de cette liberté longtemps désirée. Je trouvais la terre sous mes bottines abîmées, merveilleuse. L’air de la nuit était agréable à mon nez. J’aimais même ce vent frais qui me faisait grelotter.

J’étais maintenant assez habitué à la marche mais malgré ça, je n’avais pas encore atteint le bas de la colline quand la dernière lumière s’éteignit dans le hameau. Quand enfin j’atteignit une route, je perdis le hameau de vue maintenant qu’aucunes lumières ne pouvaient plus m’aider à me repérer. Ce sont les panneaux routiers qui m’aidèrent à me diriger. Je pouvais choisir trois directions différentes. Je choisi d’aller au village le plus proche. Les routes que j’empruntais n’avaient pas de trottoir. Je marchais au bord de la route. Il n’y avait pas de voiture à cette heure-ci. Il était trop tard. Si une voiture était passée, j’aurais essayé de me faire prendre en stop. Mais je ne suis pas sûr que quelqu’un m’aurait pris vu l’état dans lequel je me trouvais.

Finalement, j’atteignis un village. Etait-ce celui que j’avais vu d’en haut de la colline ? Je ne saurais pas le dire. Comme je m’y attendais, aucune lumière n’éclairait à l’intérieur des maisons. Seuls les lampadaires éclairaient la rue de leurs lumières jaunâtres. Je me dirigeais vers la première maison que je voyais. A la lumière du jour, elle devait être couleur brique, mais cette nuit-là, les briques avaient une teinte jaune. La porte avait une couleur sombre. Elle était peut-être vert mais je n’en suis pas sûr. La maison avait l’air paisible que prennent les bâtiments au plus profond de la nuit.

Je toquais à la porte. J’attendis anxieusement dans le vent la tête levée vers les fenêtres. J’avais le cœur qui battait la chamade. Dans un instant, peut-être, quelqu’un m’ouvrirait et m’inviterait à rentrer. Ce serait mon premier contact avec un homme depuis plusieurs mois. Mais rien ne se passa. La maison resta silencieuse. Les occupants ne m’avaient pas entendus. Je recommençais après une minute d’attente. J’eus la satisfaction de voir la lumière s’allumer au premier étage. Peu après, un homme gros et laid apparut. Avant même que je puisse parler, il me demanda de déguerpir et de le laisser tranquille. J’essayais de lui expliquer ma situation mais l’homme me jeta sa pantoufle. Il me rata mais je partais sans demander mon reste. Après ce long enfermement à l’écart de mes semblables, j’aurais pensé qu’on m’accueillerais avec chaleur. J’avais oublié que certaines personnes avaient un caractère peu agréable.

Après mon premier échec, je décidais de ne plus demander asile aux gens de la rue et allais dans une autre. La prochaine maison ou j’allais frapper était celle d’un vieil homme. Je lui demandais l’hospitalité et il accepta. Il me prêta un lit modeste sur lequel j’étais bien heureux de me coucher. Tout d’abord, je n’arrivais pas à dormir étant complètement déphasé par rapport aux autres hommes du village. Mais l’inaction et la marche que j’avais faite aidant, le sommeil finit par me gagner. Le lendemain, l’homme me laissa utiliser sa salle de bain. Je me lavais soigneusement, me rasais et me coupais même les ongles. L’homme me fourni des nouveaux vêtements que j’enfilais avec bonheur. C’étais la première fois depuis plus de quatre mois que je changeais de vêtement. Je me sentais bien. A l’aise. J’avais quitté mon apparence d’homme des bois pour redevenir l’être que j’étais avant mon aventure souterraine ; du moins, physiquement.

Je demandais au vieillard si je pouvais appeler un ami. Il me laissa faire. C’est ainsi que je reprenais contact avec mon ancienne vie. Ce jour-là, alors qu’on me ramenais chez ma mère, j’appris que j’avais atterri à plus de cent kilomètre de l’endroit ou j’avais disparu. Tout le monde m’avais cru mort lors de l’éboulement. Il y avait eu des recherches mais personne n’avait retrouvé mon corps. Le contraire m’aurait étonné. Il y avait même eu un enterrement. Quand j’appris la nouvelle, je fus sidéré. J’étais officiellement mort. J’avais même ma propre tombe certes vide peut-être mais ma tombe quand même. J’avoue que ça fait une drôle d’impression de voir son nom sur une pierre tombale. Tous, ma famille, mes amis, furent heureux de me revoir. Tous me demandèrent ou je me trouvais et pourquoi je n’avais pas donné de signe de vie pendant ces mois d’absence. Je racontais tout d’abord l’histoire de la Caverne mais ceux qui entendirent le récit ne me crurent pas. Je racontais alors une histoire selon laquelle j’avais perdu la mémoire et que j’avais erré ici et là. Ce n’était que très récemment que je l’avais retrouvé et qu’il m’avait fallu un moment pour trouver quelqu’un qui veuille bien m’accueillir un moment pour que je puisse retrouver mes esprits. Bizarrement, les gens croyaient plus cette fable inventée que la vérité.

Après quelques jours, la télévision eut vent de mon histoire. Je fus alors harcelée par les journalistes. Je dus la raconter devant des millions de téléspectateurs. A part cela, le retour à la vie fut assez difficile. Mon appartement avait été vendu et j’emménageais chez ma mère chez qui je suis toujours. D’ailleurs, je devais aussi effacer ma mort officielles des fichiers de l’état ce qui donna lieu à une grande pagaille bureaucratique. J’avais perdu mon emploi et je dus m’en chercher un autre ce qui, heureusement pour moi, se passa assez vite grâce à la brève célébrité due à l’attention des caméras braquées sur ma modeste personne. Enfin, mon organisme était complètement déphasé par rapport au soleil et les premiers jours de ma réhabilitation furent durs. Je souffrais d’un décalage horaire dû à mon séjour sous terre et il m’arrivait souvent de me réveiller à 21 heures du soir et de m’endormir vers midi.

Un mois a passé et je commence à me réaccoutumer à cette vie. De temps en temps, je réfléchis à ce qui s’est passé sous terre. Notamment le dernier jour. Un fait m’intrigue. Le lézard volant semblait m’attendre. Je suis sûr que c’est cette créature sous l’eau qui l’a appelé. Elle a utilisée la télépathie pour cela. Plus j’y réfléchis et plus je me dis qu’elle savait l’utiliser à un plus haut niveau que la flamme et les hommes bleus mais je ne comprends pas pourquoi elle a dû me toucher pour cela. C’est un mystère que je compte bien résoudre un jour. Je compte bien retourner dans la Caverne. Quand je pense aux gremlins, aux étincelles ou à la bête sous l’eau, je me dis qu’il me reste pas mal de créature à découvrir.

De temps en temps, il m’arrive de penser à la flamme et ses conversations de tête à tête. Si jamais je le pouvais, j’aimerais la remercier. Depuis que je suis sorti de la Caverne, il m’arrive de m’arrêter en pleine rue et de regarder les personnes qui passent. Je me dis alors que tous autant que nous sommes, nous sommes un seul peuple : les humains. Nous faisons partie de la grande chaîne de la vie. Dans ces moments-là, je me dis que si tout les hommes pensaient comme moi, la cruauté diminuerait de façon significative. D'aileurs, vous qui me lisez, pensez-y. Quand vous serez devant quelqu’un qui souffre ou que l’on ennuie, pensez à l’aider et espérez qu’il vous rende la pareille en cas de coups dur.

P.S :J’ai oublié de dire qu’à partir d’aujourd’hui, je me met à la spéléologie.

Publié dans Récits

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